Comment chacun se représente-t-il l’autre?
Dans la littérature hébraïque moderne d’avant 1948, écrit Françoise Saquer-Sabin, les romanciers ne s’intéressent pas à la dimension religieuse entre Juifs et musulmans, car l’appartenance religieuse n’a été perçue que sous l’angle de l’identité nationale. Cependant, les œuvres les plus significatives qui « disent le monde arabe » sont issues d’auteurs israéliens eux-mêmes nés dans une diaspora arabe et/ou musulmane : Sami Michaël (né à Bagdad en 1926), Shimon Ballas (né à Bagdad en 1930), Dorit Rabinyan (née en Israël en 1972, d’origine iranienne) et A.B Yehoshua. Dans ces romans, leurs quartiers sont séparés, les disparités sociales importantes et les relations sont naturellement complexes, entre méfiance et amitié et toute une palette de sentiments contradictoires. Sobhi Boustani tire un constat similaire dans son article sur la figure juive dans la littérature arabe moderne : Quand le juif apparaît, souvent en filigrane, c’est plutôt dans sa dimension politique que religieuse ou culturelle, au contraire du conflit israélo-arabe qui reste un sujet majeur. Au XIXe siècle, le juif correspond à une image stéréotypée du riche qui exploite les honnêtes gens. La création de l’Etat d’Israël en 1948 coïncide avec l’expansion du réalisme comme courant littéraire dans la littérature arabe moderne.