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À la racine du mot Adam

Si Chouraqui nomme Adam « le glébeux » en référence à Adama, « la terre », le rabbin Marc-Alain Ouaknin propose de renverser le paradigme: et si c’était Adama qui naissait d’Adam, le nom de la terre jaillissant de celui de l’homme ? Une lecture à rebours pour voir le monde et l’homme sous une autre perspective.

Une étymologie hébraïque traditionnelle fait dériver le mot « homme » du mot « terre » : Adam vient de adama. L’homme « fabriqué poussière de la terre » du verset de Genèse 2:7 inscrit cette étymologie dans le texte lui-même et en est la mémoire1 . Mais un renversement de cette logique peut être fructueux pour penser l’articulation de l’homme et de la terre de manière totalement nouvelle.

La célèbre expression èn moukdam oumeouhar batora, « il n’y a pas d’avant et d’après dans la Torah » qui s’applique le plus souvent aux catégories de l’Histoire et de sa chronologie peut aussi s’étendre aux catégories logiques dans leur ensemble et au lien qui articule la « cause » et l’« effet » en particulier.

Ainsi, s’il existe bien un lien de causalité entre la terre/adama et l’homme/adam au point que Couraqui traduise très judicieusement adam par « glébeux » et ha-adam par « le glébeux », il est possible d’inverser la causalité de cette articulation dans le cadre d’une « éthique de la nature » et du « principe de responsabilité » pour reprendre à la fois les termes et les grandes lignes de L’éthique du futur proposée par Hans Jonas à qui l’on doit cette réflexion majeure sur la responsabilité de l’homme pour la nature et la responsabilité pour l’homme dans la nature2.

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