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CREAM & DELIS EN AMÉRIQUE

De New-York à Montréal, de Los Angeles à Chicago, il est une institution culinaire héritée du monde juif d’europe centrale : le “deli”. On y mange des bagels au saumon et au cream cheese, du pastrami, des soupes de poulet ou des matzo balls. Et pour cela, nul besoin d’être ashkénaze, ni même juif.

Toute vague immigrée paie un écot culinaire à l’Amérique. Dans ce pays de travailleurs pressés, où l’on ne prend le temps de dîner véritablement que pour Thanksgiving et Noël ou Pâques, ce plat est généralement un sandwich, un snack, quelque chose qu’on peut avaler en vitesse avant de se remettre à l’oeuvre, et dont l’ingré- dient principal est le pain. Ainsi c’est aux États-Unis que les émigrés allemands firent du steak hamburger le sandwich que l’on sait, c’est aux États-Unis que la pizza napolitaine devint populaire. C’est aussi aux États-Unis que la nourriture juive d’Europe centrale devint… américaine. Car, comme vous le savez sans doute, de même que désormais tous les Américains (ou en tout cas tous les New-Yorkais) disent couramment d’un con que c’est un shmock, d’un fou qu’il est meshugge, et disent qu’ils ont schlepped pour dire qu’ils se sont traînés péniblement d’un endroit à un autre, de même il n’est aujourd’hui pas nécessaire d’être juif pour déjeuner d’un bagel cream cheese and lox ou d’un pastrami sandwich. Bien sûr, l’immigration et l’assimilation produisent parfois des mariages mixtes et des métis. Le sandwich au pastrami le plus célèbre en Amérique est sans doute le Reuben, et ce sandwich à la viande et au fromage fondu fait, par définition, fi de toute kasherout.

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