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Édito : Tomber d’accord

L’édito du rabbin Delphine Horvilleur

Cette expression française, « tomber d’accord », l’illustre parfaitement : le consensus fait toujours courir le risque d’une chute et d’un écrasement, celui de la confrontation d’idées et du débat qui élève. Quand la différence de points de vue s’efface, est-on sûr que nos idées ont toujours de la hauteur ? 

Voilà ce que la littérature rabbinique interrogeait déjà il y a près deux millénaires. Dans le Talmud, les sages s’affrontent sans jamais gommer l’opinion adverse. Parfois même, ils deviennent fous ou meurent du simple fait de ne plus trouver face à eux d’avis divergents. Il faut « Discuter ou mourir », disent-ils, (Taanit 23a) et, dans leur monde, le consensus est toujours assassin. 

Qu’en est-il dans notre monde ? Nous semblons souffrir d’une problématique inverse : les polémiques dans l’espace public et sur les réseaux sociaux atteignent des degrés de violence inédits. Il s’agit bien souvent « d’assassiner » l’avis contraire ou de prendre à parti un tiers, de dénoncer la « trahison » de l’opposant. Soudain, celui qui n’a pas ma vision du monde, ma définition du judaïsme, du féminisme, du sionisme, de la laïcité… est jugé infréquentable. Quel support commun avons-nous cessé de partager, qui nous empêche ainsi de grandir de nos désaccords ?

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