
Technique mixte, or et pigments de bronze sur papier chiffon, 25 x 32 cm
Extrait du Carnaval des Mots 2 – Photo : Déborah Chock
Souvent, je me suis demandé si j’étais une mère juive, tant il me semblait échapper à ce cliché. J’ai déjà eu l’occasion de raconter la réponse de mon fils à ma question de savoir s’il voudrait être rabbin plus tard : « Rabbin, c’est un métier de fille ». Je me suis parfois demandé si ma condition de rabbin, un métier qui avait été longtemps un métier plutôt masculin et même une figure de paternité, et le fait corollaire que la norme pour mes enfants soit une norme renversée, me faisait échapper au cliché de la mère juive. Pourtant, plus mes enfants grandissent, plus je me surprends parfois, avec terreur ou avec tendresse, à être une mère juive archétypique, fascinée par ses enfants. Évidemment, je n’ignore pas qu’il n’est nul besoin d’être une mère ni d’être juive pour éprouver cette fascination presque amoureuse pour sa progéniture.
En hébreu, la mère se dit ima אמא. Comme dans presque toutes les langues, la maternité est vocalisée par le son [m], un son labial, nous disent les anthropologues, qui a à voir avec la succion, l’alimentation, le maternel, le baiser.