L’artiste contemporaine franco-israélienne Nathanaëlle Herbelin est exposée au musée d’Orsay jusqu’au 30 juin. Ses toiles racontent notre quotidien, fait de désir, d’ennui et de douceur.
Nathanaëlle Herbelin est née en 1989 en Israël. Elle a étudié aux Beaux-Arts de Paris, avant d’exposer à Tel-Aviv, New-York, ou encore Bruxelles. Le musée d’Orsay fait partie de son imaginaire artistique: elle raconte l’avoir parcouru “pour la première fois enfant”, avant de le fréquenter assidûment pendant ses études. L’artiste peint des scènes de la vie quotidienne que nous connaissons tous : une femme qui s’épile, un homme alangui (Jérémie Werner, son mari) dans un bain, ou encore des intérieurs vides. Ses toiles mettent en scène ce qui nous lie et nous délie à l’intérieur d’un foyer. Le désir amoureux, la famille, mais aussi la solitude contemporaine. Avec “Layla”, on s’identifie à cette jeune femme devant son ordinateur, éclairée par une lumière artificielle.
Le musée d’Orsay fait dialoguer la peinture de Nathanaëlle Herbelin avec celle des Nabis, un courant post-impressionniste né à la fin du XIXe siècle. Les toiles de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard ou encore Félix Vallotton, sont exposées à côté des siennes. Eux aussi racontaient le quotidien de leur époque. Nathanaëlle Herbelin explique ce lien: “le terme nabi signifie en hébreu ‘prophète’, celui ou celle qui révèle une vérité importante. Il y a là quelque chose à la fois de mystique mais aussi de profondément ancré dans la réalité”. Le visiteur saute d’une toile à l’autre, d’une époque à une autre, en saisissant tout de même une différence majeure. Les toiles de Nathanaëlle Herbelin mettent en scène des femmes dans une existence libre et intime, très loin du vernis bourgeois du XIXe siècle. Elles ne semblent plus objets mais sujets des tableaux.
Avec “Allaitement”, l’artiste peint sa petite fille, Elisha, dans ce “phénomène primitif et cru”, comme elle l’écrit. Le titre de l’exposition est d’ailleurs lié à l’expérience de la maternité. Nathanaëlle Herbelin a lu “Être ici est une splendeur”, un livre de Marie Darrieussecq qui raconte l’histoire de Paula Modersohn-Becker, artiste allemande de la fin du XIXe siècle, première femme à se peindre nue en 1906, et qui se représenta enceinte alors qu’elle ne l’était pas (avant de mourir après un accouchement). Nathanaëlle Herbelin reprend cette figure féminine, pour l’inscrire dans une salle de bain moderne, debout dans sa douche. La femme de ce tableau, c’est elle. Et deux mois après, elle attendait un enfant.
Exposition Nathanaëlle Herbelin, Être ici est une splendeur, au Musée d’Orsay
Jusqu’au 30 juin 2024
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, Paris VII – Salles 69a et 69b, niveau médian Lille
Plein tarif 10€
Plus d’infos sur le site du musée