
Courtesy Gordon Gallery, Tel Aviv
Stéphane Habib En lisant La haine des Juifs, alors que je songeais à notre entretien, j’ai eu un matin une discussion avec la rabbine Delphine Horvilleur que je voudrais mentionner très vite afin de vous laisser enchaîner ou associer. Elle évoquait alors l’incipit de La Promesse de l’aube de Romain Gary. Au vrai, cet incipit – j’aimerais le commenter pendant des pages – est composé de trois mots à l’apparence très simple : « C’est fini ». Ainsi le commencement – supposé ? – du roman de Gary est un « c’est fini. ».
Me vint à l’idée ceci qui a ouvert alors entre nous nombre de questions, que l’incipit du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, très célèbre, se veut certainement plus qu’un commencement, le commencement du commencement : « Ça a débuté comme ça ».
N’y a-t-il pas dans les plis de ces deux incipit, dans leur différence abyssale, tout le vertige de l’histoire de l’antisémitisme ? Questions d’origine, de désirer l’origine jusqu’à la mort, jusqu’à la mort nécessaire de celles et de ceux qui témoigneraient de l’impossibilité de toute affirmation originaire qui ne soit pas fantasmatique ou délirante ?