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Joshua Cohen, «Les Nétanyahou»

L’entretien lecture par Fanny Arama

Traduit de l’anglais (États-Unis) par
Stéphane Vanderhaeghe
Grasset, 2022, 22 euros

Dans Les Nétanyahou, Joshua Cohen, jeune romancier américain tout récemment récompensé par le prestigieux Prix Pulitzer de la fiction, fait le portrait de deux professeurs d’université juifs américains dans les années soixante, dont l’un, Ben-Zion Nétanyahou, fut le père de Benjamin Nétanyahou. Très rythmé, le récit se déploie tel une fugue impétueuse développant alternativement le parcours du narrateur Ruben Blum et celui de Ben-Zion Nétanyahou, dont il est censé évaluer le profil afin que l’université où Blum enseigne, Corbindale, lui octroie un poste.

Nous ne saurions dire quel est l’aspect le plus réussi du livre : l’imposante maîtrise de Joshua Cohen des enjeux politiques et philosophiques du sionisme, dont on survole l’histoire depuis les années vingt jusqu’à nos jours ? Le désopilant portrait de deux intellectuels juifs des années soixante, si proches et si lointains, aussi intraitables l’un envers l’autre que peuvent l’être un frère et une sœur à l’adolescence ? Le fait de rendre accessibles – et drôles – des controverses propres à l’histoire des Juifs, tout en reliant brillamment cette histoire à l’émergence de la démocratie en Amérique ? À la fois page turner, roman policier facétieux, Les Nétanyahou se révèle aussi être un hymne poétique adressé aux douleurs de la diaspora, bien plus profond qu’il n’y paraît.

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