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Judaïsme et Nature : une tente de paix

Par-delà tous ceux qui voient d’abord le peuple juif comme celui des « bâtisseurs du temps », par-delà l’expérience de tous ces juifs qui habitèrent mieux le temps que l’espace, David Isaac Haziza interroge un autre juif, un homme de racines lui aussi, attaché à la terre, un homme de Soukkot, un homme des saisons, de la pluie et de la rosée qu’il appelle de ses prières.

On oppose d’ordinaire le judaïsme à la terre, aux racines physiques, à la vie extra-urbaine et donc aux préoccupations écologiques. « Nous sommes le monstre d’humanité car nous avons déclaré combat à la nature », fait dire Albert Cohen au père de Solal. Bien sûr qu’il y a du vrai dans cette opinion, et on ne saurait nier le rapport sinon antagoniste, du moins ambigu, des textes juifs à la nature et à l’environnement physique de l’homme. L’homme biblique est là pour dominer plantes et animaux, lui seul donne ordre et sens, par le pouvoir de nommer, au monde que l’Éternel lui a confié. Cette idée biblique fera son chemin jusqu’à Descartes et culminera avec Hegel.

Il y a une méfiance de la Bible et d’une bonne partie de la tradition juive, face aux forces telluriques et célestes, face à la spontanéité de l’ici-bas. C’est le rejet théologique de la déesse terre, des cultes de la fertilité. Ainsi, lit-on dans la parasha Ki Tissa : « leurs autels, vous les renverserez ; leurs stèles, vous les briserez ; leurs bosquets, vous les éradiquerez ! ». Leurs bosquets sacrés, littéralement, leurs ashérot, Ashéra étant le nom d’une déesse sémitique de la fertilité qui semble avoir été associée au Dieu d’israël dans le cadre des cultes païens auxquels se prêtaient nos ancêtres : au commencement, n’étaient-ils pas, comme le rappelle la Aggada, de simples idolâtres ?

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