
Courtesy of Zemack Contemporary Art, Tel Aviv
Brèves considérations sur les interdits alimentaires dans le judaïsme
D’ordinaire, on considère les interdits alimentaires comme des décrets divins que le fidèle s’attache à observer par crainte du Ciel. Mais ce faisant, on risque de s’empêcher d’en interroger les significations. C’est ainsi que les prescriptions mosaïques tendent à devenir formellement similaires aux divers tabous qui régissent l’alimentation dans les sociétés traditionnelles. Certes, à s’en tenir à une approche exclusivement religieuse, ou plus exactement fidéiste, la différence entre les prescriptions mosaïques et les tabous des sociétés traditionnelles réside dans leur origine : les premières procèdent de la révélation monothéiste, les secondes de mythologies exotiques. Mais tandis que l’anthropologue reconnaîtra là une approche ethnocentriste de la question, le talmudiste observera pour sa part que si les maîtres de la Guemara, à distance de tout dogmatisme, n’ont cessé de discuter le contenu de ces prescriptions, et de se contredire à leur sujet, c’est parce que le rite véhicule une pensée qu’il s’agit de mettre au jour. Et je soutiendrais volontiers que les significations véhiculées par les rites du judaïsme sont révolutionnaires.