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La poésie sépharade ou l’éloge de la beauté pure

© Angelika Sherwww.angelikasher.com

C’est au IXe siècle, au sein de l’Espagne arabe – l’Al-Andalous – que les artistes juifs renouèrent avec l’idée de beauté pure. Le judaïsme des premiers siècles de notre ère avait réduit la beauté à sa dimension religieuse et sacrée. Si le Talmud comportait encore quelques histoires et coutumes concernant la beauté de la nature et des êtres humains, celles-ci étaient généralement utilitaires ou accompagnées d’une morale religieuse. Si les liturgies des premiers siècles chantaient la beauté, c’était généralement celle de Dieu et de son œuvre.

Mais dans le califat de Cordoue, les Séfarades vivent leur âge d’or et entreprennent de libérer l’art et la beauté de toute considération didactique, morale ou utile. Sous l’influence du néoplatonisme arabe, la beauté apparaît désormais comme unité, comme idée surplombant le tout et caractérisant l’être.

Au commencement de ce projet, était la beauté de la langue et de l’usage poétique qu’en faisait l’élite arabe. Pourquoi le Tout- Puissant a-t-il béni les Ismaélites de la plus noble des langues et du sens lyrique le plus pur ? se demandait Moshé Ibn Ezra (Grenade, xie siècle), dans son recueil de rhétorique et de poésie. Bien que séduits par la culture arabe, ces poètes et intellectuels juifs ne perdent rien de leur fierté hébraïque.

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