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LA POSSIBILITÉ D’UN FÉMINISME SÉFARADE

Le féminisme séfarade n’existe encore que de façon éparse. Pour Noémie Issan-Benchimol, il trouve surtout son expression dans les tensions plus globales entre «haute culture» et «sous-cultures» méprisées.

“Déjà investi dans ma dignité nouvelle d’homme, je méprisais ces femmes bruyantes et versatiles comme des enfants. Dans leur agitation futile, elles ressemblaient à des poules, particulièrement lorsque, relevant le menton, les yeux fixes, elles lançaient des youyous sonores et prolongés”

Albert Memmi, La statue de Sel, Folio, p.82

© Khen Shish, Tunisienne II (Furious Nervous Bride), 2015, acrylic on canvas, 150 x 180 cm
Courtesy of the artist and Artsourcewww.khenshish.com

Il existe bien un féminisme mizrahi: on peut en étudier l’histoire institutionnelle, la date de naissance (10e conférence féministe en 1994 à Givat Haviva), ses grands noms (Ella Shohat, Henriette Dahan-Kalev, Vicky Shiran). Le féminisme mizrahi est une partie du mouvement féministe israélien, à partir duquel il a fait sécession, lui reprochant son ashkénocentrisme et le refus de prendre en compte les combats et discriminations propres vécues par les femmes mizrahiot en Israël, discriminations de communauté de classe, une histoire dans laquelle les unes étaient du côté des oppresseurs, les autres des oppressées. Il emprunte au black feminism et au féminisme intersectionnel. Ce féminisme mizrahi est ainsi le produit d’un contexte précis, le contexte israélien, d’une époque, celle de la déchirure du voile idéologique autour de la narration de l’histoire sioniste qui en a révélé les côtés obscurs: les enlèvements d’enfants orientaux, l’urbanisation explicitement raciste, une politique scolaire également fondée sur une rupture de l’égalité des chances.

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