
La salle d’attente d’un centre de procréation médicalement assistée, au cœur de Manhattan. Il est 7 h 45 du matin, un jour de semaine, une dizaine de femmes attendent comme moi leur rendez-vous pour une insémination, ou une prise de sang et une échographie qui confirmera ou non une grossesse fortement désirée, avec assistance médicale. Nous avons presque toutes entre 35 et 40 ans, professionnellement actives d’après les tenues vestimentaires – tailleurs, talons et cartable – et l’heure matinale. Il faut aussi casser sa tirelire, car les traitements ne sont pas remboursés par l’assurance-maladie américaine.
Je fais partie des SMC, les single mothers by choice ou « mères célibataires par choix » qui ont choisi un donneur via une banque de sperme en ligne après avoir étudié des dizaines de profils. La clinique est spécialisée dans les traitements hormonaux, les inséminations intra-utérines et les fertilisations in vitro. Mais il n’y a pas que des femmes venues seules dans cette salle d’attente, il y a aussi des couples qui ont de la peine à procréer. Et parmi eux, une proportion visible de Juifs orthodoxes arrivés de tout droit de Brooklyn.