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Le Rabbin qui voulait être une femme

© Roee Rosen, Justine Frank, The Stained Portfolio, 1927 1928,
drawing on paper, 33 x 38 cm
Courtesy of Rosenfeld Gallery, Tel Aviv

C’est à un rabbin provençal du XIVe siècle que nous devons l’une des plus anciennes et plus poignantes remise en question d’assignation au genre qu’a connu le judaïsme. Kalonymus fils de Kalonymus est né dans une illustre famille juive, dont plusieurs membres s’étaient distingués comme érudits affiliés à l’école des tossafistes, comme leaders communautaires ou encore comme poètes laissant une trace indélébile dans la liturgie ashkénaze. Lui-même est un rabbin, poète et philosophe important, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques, liturgiques et religieux.

Dans un poème tiré de son recueil Even Bohan [à lire en pages suivantes], Kalonymus nous fait part de ce que nous appelons aujourd’hui une « dysphorie de genre » – à savoir de sa détresse d’être né mâle alors que lui-même se sentirait femme. Le poème est si incongru qu’à travers les siècles, beaucoup y ont vu non pas une confession autobiographique mais une satire de la société juive médiévale. L’humour et la satire sont très certainement des tactiques discursives inévitables pour qui ose questionner les tabous les plus profonds de sa société.

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