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LE YIDDISH COMME IDENTITÉ

Le yiddish n’est plus guère parlé que par une minorité de passionnés et, au quotidien, par des hassidim à travers le monde. Langue décalée, ironique, langue toujours à interpréter, le yiddish donne à entendre bien plus que ce qu’il dit.

Il y a vingt ans, je me promenais dans une rue de New York avec deux amies; un groupe de jeunes garçons afro-américains nous approcha et l’un d’eux nous demanda : « You speak Jewish? »
C’était la première fois que j’avais pris l’avion, j’avais seize ans. Mon père m’avait envoyée pour une semaine à Brooklyn dans une famille hassidique de Vizhnitz qui avait deux filles, des jumelles. Nous avions correspondu par lettres pendant une année scolaire, nous nous étions bien entendues et nos parents avaient arrangé cette visite – sorte, pour moi, de voyage linguistique pour perfectionner mon yiddish, que mon père m’avait parlé à la maison dans mon enfance. Alors que nous marchions dans les environs du quartier hassidique de Williamsburg, où habitaient mes nouvelles amies, la question de ces jeunes voisins de quartier m’interpella. L’une des sœurs répondit : « Yes, we are Jews, we speak Jewish. » Et pourquoi pas ? La langue que parlent les hassidim, le « yiddish », c’est bien le « juif ». Que cela signifie-t-il ? Le yiddish comme langage constituerait-il à lui seul une identité?

Aujourd’hui, le yiddish est parlé presque exclusivement, en tout cas de manière quotidienne, par des hassidim, en Amérique, en Angleterre, à Anvers, en Australie, en Suisse, en Israël.

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