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Mères de la Bible

La mystique juive et la critique biblique se rencontrent bien plus souvent qu’on ne le pense, notamment pour nous révéler le rôle sacré de la mère. D’autant que J, l’un des documents à l’origine de la Torah selon la critique biblique, pourrait bien avoir été écrit par une femme et célébrer secrètement l’ancienne déesse des Hébreux !

 

© Sharon Poliakine, Long Wink, 2021, oil on canvas, 190 x 180 cm – Courtesy Gordon Gallery, Tel Aviv

En 1987, le critique biblique Richard Elliott Friedman avançait l’idée, dans Who Wrote the Bible?, que l’auteur de J pouvait avoir été une femme. J est l’un des quatre documents constitutifs de notre Torah écrite. C’est là que l’on trouve plusieurs des récits les plus célèbres de la Bible, et très souvent c’est une femme qui en est l’héroïne. Trois ans plus tard, Harold Bloom reprenait la thèse de Friedman et publiait, en collaboration avec David Rosenberg, The Book of J, à la fois traduction, essai et biographie littéraire de cette mystérieuse « J », qu’il imaginait avoir vécu à la cour du roi David : peut-être s’agissait-il de Bethsabée elle-même ! À son tour, Friedman surenchérissait dans The Hidden Book in the Bible en 1998, où il mettait au jour l’intégralité (selon lui) du document J qui, loin de se limiter au Pentateuque, serait en fait éparpillé dans les livres historiques de la Bible, jusqu’aux Rois. Bloom, lui, avait supposé que « J » avait écrit les passages qui lui sont couramment attribués dans le Pentateuque, en rivalité avec un homme, auteur des autres textes que Friedman, lui, devait relier à la même source.

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