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(Ne pas) penser l’avenir

© Yuval Yairi, Green Room (detail), from the “Forevermore” series – yuvalyairi.com

À l’enjeu de ce numéro, celui de penser l’avenir, j’ai voulu ajouter le négatif, car je crois que l’époque contemporaine pose la question traditionnelle de la projection dans l’avenir d’une façon inversée. Pour plusieurs raisons dont celle de la catastrophe écologique à la fois actuelle et annoncée, le symptôme contemporain par excellence est celui d’un refus ou d’une impossibilité de penser l’avenir, produisant le figement dans un présent éternel.

Les hommes et les femmes ont toujours pensé l’avenir, c’est le principe des projets, de l’ambition, et plus simplement du désir. Pour Lacan, le désir trouve son origine dans un manque initial et tend vers le comblement toujours à venir de ce manque ; il est ce qui porte la vie de chacun de nous et nous mène à chaque étape de notre vie de l’illusion d’une satisfaction enfin totale à la découverte de nouvelles insatisfactions et concomitamment, de possibilités nouvelles qu’elles ouvrent.

Au petit enfant qui voulait faire des choses interdites, on disait traditionnellement « quand tu seras grand », et cette limite qu’on lui opposait était aussi ce qui lui permettait de rêver à son avenir. C’est ce que la psychanalyse appelle la castration, qui en séparant le permis de l’interdit, ouvre le champ des possibles.

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