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Petit guide (talmudisant) du débat sur Internet

Des vocations sont récemment nées : archéologue de Twitter et géologue de Facebook. Exhumer la blague adolescente suspecte, le retweet criminel est devenu un nouveau métier, pire, le nouvel arbitre des scandales. La vie des réseaux a ceci de différent de la vie vraie qu’elle est hypermnésique : elle n’oublie ni ne pardonne rien. Elle exige de chaque gazouillis un degré d’engagement et de sérieux qu’on ne songerait même pas à demander à un texte écrit, signé et sciemment publié. L’impression générale est bien que l’espace de dialogue a été supplanté par un espace de combat, de luttes à mort symboliques.

Si on devait trouver le manuel par excellence qui décrit le débat actuel sur les réseaux sociaux, on le trouverait sans doute dans le petit traité de dialectique éristique de Schopenauer, L’art d’avoir toujours raison, qui présente toutes les attaques et parades pour gagner un débat. L’écrasage comme méthode, le KO pour seule issue. Le débat comme un combat de free fight, tous les coups sont permis, sophismes, mensonges, exagérations, visées sous la ceinture, tout pour atteindre l’objectif assumé : faire taire l’autre. Restée seule, la parole survivante se croit alors parée des atours de la vérité alors qu’elle ne témoigne que de la ruse ou de la brutalité.

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