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Poésie Mon arabe est muet

Ma langue arabe est muette
Étouffée dans la gorge
Qui se maudit elle-même
Sans dire mot
Qui dort dans les refuges étouffants de mon âme
Se cache
De ses semblables
Derrière des persiennes d’hébreu.

Et mon hébreu gronde
Qui court entre les salons et les balcons des voisins
Qui se fait entendre en public
Prophétisant la venue de Dieu
Et des bulldozers
Et puis qui se terre dans le salon
Se pense
Révélé révélé à l’orée de sa peau
Protégé protégé entre les pages de sa chair
Un instant nu et un instant vêtu
Qui se blottit dans le fauteuil
Et implore le pardon de son cœur.

Mon arabe est inquiet
Qui discrètement joue à l’hébreu
Et murmure aux amis
À quiconque frappe à sa porte
“Ahalan, Ahalan (Bienvenue)”.
Qui devant chaque agent croisé dans la rue
Sort sa carte d’identité
Et pointe la clause protectrice:
“Ana min al yahud, ana min al yahud (Je suis un juif)”.

Et mon hébreu est sourd,
Sourd vraiment, parfois.

ערבית שלי אילמת
חנוקה מן הגרון
מקללת את עצמה
בלי להוציא מילה
יֵ ֵש ָנה באוויר המחניק של מקל ֵטי נפ ִשי
מסתתרת
מבני-המשפחה
.מאחורי תריסי העברית

והעברית שלי גועשת
מתרוצצת בין החדרים ומרפסות השכנים
משמיעה קולה ַברבים
מנבאת בואם של אלוהים
ודחפורים
ואז מתכנסת בסלון
חושבת את עצמה
ְגלוּי ׂות ְגלוּי ׂות על שפת עורה
כסוּי ׂות כסויות בין דפי בשרה
רגע עירומה ורגע לבושה
היא מצטמצמת בכורסא
.מבקשת

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