Rester chez soi, le souhait de la génération qui a vécu la guerre

La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a lancé en 2021 un « plan France » sur trois ans visant à permettre à ceux qui ont subi des persécutions antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale de bénéficier pleinement des dispositifs qui leur sont dédiés et qui sont trop souvent méconnus.

 

Alors que partout dans le monde, en Israël, aux États-Unis, au Canada, en Europe, la majorité des « victimes juives du nazisme » reçoivent une aide complémentaire de l’Allemagne pour financer leur maintien à domicile, en France, seule une minorité va jusqu’au bout des démarches nécessaires pour en bénéficier.

Entre réticences à prendre en charge sa perte d’autonomie et inquiétudes face à l’aspect administratif des démarches, beaucoup préfèrent renoncer, souvent par manque d’accompagnement et d’information. Mais il n’est jamais trop tard pour y remédier, d’autant que toutes les études indiquent que les personnes âgées souhaitent majoritairement vieillir à domicile.

Pour qui ?

Pour bénéficier de ces programmes, il faut avoir été tout d’abord reconnu comme « victime juive du nazisme », c’est-à-dire avoir perçu une indemnisation allemande, quelle qu’elle soit au titre du BEG ou de la Claims Conference, en tant qu’enfant caché ou victime de persécutions antisémites menées par le régime de Vichy, y compris en Afrique du Nord.

Comment ?

Ces programmes ne peuvent être déclenchés qu’après avoir aussi effectué des demandes d’aides publiques (type APA, Cnav etc.), car l’aide au maintien au domicile, financée par la Claims Conference, intervient en complément, et non à la place de l’aide publique.

Qui contacter ?

Dans le cadre du plan France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah a missionné Marc Weill, pour informer et renseigner individuellement tous ceux qui se posent des questions sur ces dispositifs. 

La Fondation pour la Mémoire de la Shoah travaille aussi étroitement avec Passerelles et les services bénéficiaires de la Claims Conference : en Île de France, l’Adiam, service prestataire, et la Fondation Casip-Cojasor, qui intervient aussi sur l’Est de la France. Partout ailleurs, c’est le Casim/améa qui permet aux victimes juives du nazisme de bénéficier de cette aide complémentaire.

NUMÉROS UTILES
• FMS/Marc Weill : 06 45 75 24 18 / externe.mweill@fondationshoah.org
• Passerelles/FSJU : 08 00 39 45 00
• Adiam : 06 64 18 34 73
• Casim/améa : 04 96 10 06 70
• Casip-Cojasor : 01 49 23 71 30

PREMIERS RÉSULTATS DU PLAN France

Depuis un an et demi, les demandes d’indemnisation provenant de France n’ont cessé d’augmenter : plus de 20 000 personnes sont ainsi identifiées en France comme « victimes juives du nazisme » (la majorité pour les persécutions antisémites subies en Afrique du Nord).
Quant au nombre de bénéficiaires d’aide à domicile, il a progressé de 50 %, et atteint désormais 1 100 personnes. Les progrès sont manifestes en particulier en région.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah estime que ce chiffre peut encore augmenter. En effet, comme les enfants ont été majoritairement sauvés en France, ce qui n’est pas le cas ailleurs, les victimes de persécutions antisémites sont en moyenne plus jeunes que dans le reste du monde et n’ont, pour la plupart, pas encore entamé ces démarches. Mais il est peut-être désormais temps d’être plus et mieux aidé.

Rappel sur les indemnisations de la Claims Conference

L’Allemagne a reconnu sa responsabilité dans la Shoah et indemnise les victimes juives du nazisme selon l’ampleur de la persécution.
La plupart des déportés et des personnes qui ont fait valoir dans les années 1950 et 60 qu’elles ont été persécutées, ont été indemnisées sous le régime de la loi BEG (Bundesentschädigungsgesetz).
La Claims Conference, créée en 1952, a pris le relais pour l’administration des indemnisations, dont le périmètre est renégocié chaque année.

Il existe deux types d’indemnisations :
Les rentes, en particulier l’Article 2, d’un montant de 600 euros par mois, nécessitent de prouver qu’on a subi des persécutions inhumaines ou qu’on a été caché plus de 4 mois.
Une autre rente, d’un montant moins élevé, concerne les personnes ayant été cachées en zone sud. Les personnes nées après le 1er janvier 1928 sont également éligibles au « Fonds de l’enfant survivant ».
Les indemnisations forfaitaires, comme le « Hardship Fund » d’un montant de 2 500 euros environ, concernent les personnes qui ont subi des persécutions moins marquées. Il s’agit par exemple des Juifs qui se sont réfugiés dans un autre pays, ou qui ont connu les persécutions antisémites du régime de Vichy en Afrique du Nord.

Toutes ces indemnisations permettent d’accéder à des aides au maintien à domicile, qui sont accordées en fonction du budget disponible par les agences françaises redistributrices (Adiam, Casip et Casim) selon des critères de dépendance et de ressources.

Plus d’informations sur www.aides-survivants-shoah.fr

  • Brigitte Sion

La lanterne magique des enfants d’Izieu

La Maison d’Izieu, Mémorial des enfants juifs exterminés, fut le lieu de vie et de refuge d’enfants juifs durant la guerre jusqu’à ce que, le 6 avril 1944, Klaus Barbie, à la tête d’hommes de la Gestapo et de la Wermacht, ne vienne rafler tous ceux qui se trouvaient là. Des 51 personnes arrêtées, 44 enfants et 7 adultes, seule Léa Feldblum, éducatrice de la colonie, survivra à Auschwitz. En 1943, les enfants menés par le cuisinier, passionné de cinéma, créent une « lanterne magique », – un instrument d’optique qui sert à projeter des images sur un écran ou sur un mur.

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