Sefwoman se réfugie chez Tenou’a

Après l’annonce de la fin de l’aventure Jewpop, Tenou’a a recueilli l’une de leurs orphelines, The Sefwoman, qui en profite pour commencer par une lettre à son ancien patron, Alain Granat.

Cher Alain, 

Oui je t’écris des colonnes de Tenou’a

Moi la Séfarade, éduquée en école juive à coup de houmash sur la tête,  j’ai basculé chez les Libéraux. 

Faut dire que depuis que t’as fermé la boutique, je n’ai plus vraiment le choix. C’est Tenou’a ou Torah box.
Et Torah box, comment te dire qu’avec mon CV, j’ai autant de chance d’apparaître dans leurs vidéos que le mariage entre deux personnes du même sexe d’être reconnu par le Consistoire de Paris.

Et puis, en vrai, je préfère les laisser entre garçons qui aiment bien se mettre des perruques et se déguiser en filles. Les soirées Michou quand t’en as vu une, tu les as toutes vues.

Voilà, j’en suis là, je dois me taper les divrei Torah du Shabbat de  Delphine Horvilleur. C’est tous les samedis, c’est long, tu sais pas où ca va mais ça finit toujours par parler des Juifs à un moment donné. Oui un peu comme Yann Moix à l’époque où il officiait chez Ruquier

Quand je l’écoute j’ai l’impression de préparer Normale Sup. Je gratte quatre copies doubles de notes.
Torah Box, ils disent de la merde  –  comme l’essence de la femme se trouve dans ses cheveux – mais l’avantage, c’est que c’est simple à comprendre.

Côté séouda, aussi ça me change. Finies les coupelles en plastique non-recyclé avec du thon Sidi Daoud et des chips dont le paquet est resté ouvert depuis le samedi précédent. Là, ben, y a rien….  C’est chiant parce que depuis que je suis passée chez les Libéraux, ma mère refuse de me recevoir à sa table.

Résultat j’ai maigri. C’est pas plus mal. Pour rentrer dans le moule j’avais le choix entre apprendre le yiddish ou faire baisser mon taux de cholestérol, j’ai choisi l’option qui me serait définitivement la plus utile pour me taper enfin un grand ponte de la médecine.

À ce stade, c’est la seule chose qui pourrait calmer ma mère. Elle parle de moi comme si j’étais partie faire le jihad en Syrie. Quand j’essaie de la soudoyer en fourrant des boutargues Korkacz dans sa boîte aux lettres, elle hurle à la taqiya

Voilà Alain, on en est là. Fermer Jewpop sans consultation populaire, ni ordre du jour, ni débat. Mais c’est une convention de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ou quoi ? 

Je t’écris ce soir pour te dire merci.
Merci de m’avoir ouvert le champs des possibles. Avec toi, j’ai pris un plaisir immense à me moquer des Séfarades, du dîner du CRIF, des adeptes de la guematria, des rabbins, des mecs qui font la queue 3 heures pour bouffer à l’As du Falafel avec un service digne d’un relais routier franc-comtois un jour de pluie. Sans toi, je n’aurais jamais pas pu titiller les Ashkénazes, les profs d’école juive, les rabbins. 

Je suis triste mais je comprends ta lassitude. Pour faire passer le temps, je relis les mails d’insulte que j’ai reçu toutes ces années. Je garde un souvenir ému de celui d’un de mes coreligionnaires regrettant que je n’ai pas connu la déportation finissant sa missive par ”Hitler a pas fini le travail”.

T’inquiète pas pour moi. Je crois que je vais me plaire ici. De toute façon je commence à me faire vieille. Je suis lucide. Je suis un peu dépassée. L’heure est au visuel Jewbuzz. Dubaï me donne envie de pleurer comme  Las Vegas avec Robert Ménard un 1er novembre. Et je connais même pas Kevin Guedj, alors qu’on porte le même prénom.

Je t’embrasse 

Sefwoman

Lire notre article : “Jewpop, ils sont partout partis”