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Aimer sans savoir, être sans comprendre

L’entretien lecture

© Éditions Gallimard – Francesca Mantovani

Après L’Oubli (2015) et Survivre (2017), Frederika Amalia Finkelstein continue de tracer un sillon lumineux dans les tranchées de la mémoire et de la transmission avec Aimer sans savoir, être sans comprendre. Roman autant que recueil de pensées et d’anecdotes intimes, cet ensemble se présente comme « une déclaration d’amour à la vie, à la mémoire, à [une] enfance » comme une autre : celle de la narratrice voguant entre l’Argentine, l’Europe et leurs drames historiques respectifs, tourmentée par l’influence des aînés et leur héritage brisé.

Le titre énonce avec une profondeur et une simplicité toutes poétiques la générosité qui émane de la voix de la narratrice : pour retrouver son souffle ou même le rendre à ceux qui l’auraient à jamais perdu, on peut être au monde sans forcément y apposer la marque de sa trace par la connaissance ou la compréhension. Ces deux écueils de la pensée ne constitueraient-elles pas une forme de violence pour quiconque défie les fureurs meurtrières de l’Histoire ? Plutôt que de savoir et de comprendre, ne vaudrait-il pas mieux « Aimer sans savoir, être sans comprendre » ? Jusqu’où l’être humain peut-il envisager l’abandon de ses prétentions intellectuelles pour exister sans sombrer ?

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