Développement durable : il y a urgence !

Les représentants des Nations Unies seront réunis à Paris du 30 novembre au 11 décembre dans le cadre de la “Cop 21”. Ils peuvent compter sur une prise de conscience progressive des opinions publiques. Même si les États tardent à encore à agir.

“SAUVEGARDER LA MAISON COMMUNE”

Dans les six chapitres de son encyclique Laudato si’, publiée en juin dernier, le Pape François s’adressait à « chaque personne qui habite cette planète », appelant chacun à « un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète ». Avant de proposer une « écologie intégrale », une approche à la fois environnementale, économique, sociale et culturelle nécessitant une vraie rupture avec nos modes de vie actuels, afin de placer à la fois la protection des plus démunis et de la nature au cœur de nos vies. Quelques jours plus tard, les responsables français des grandes religions remettaient à François Hollande un « plaidoyer pour le climat » après un jeûne d’une journée destiné à alerter les consciences.

Il y a urgence. Le constat est aujourd’hui unanime. En deux siècles, jamais la planète n’a autant été malmenée : pollution, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles, perte de la biodiversité, gaspillage… Les hommes en sont les premières victimes. Si l’on prend seulement en compte la pollution de l’air, les méfaits sur notre santé sont estimés à près de 100 milliards d’euros par an en France, selon un récent rapport sénatorial1. Un chiffre qui recouvre les pathologies respiratoires, des maladies cardio-vasculaires, des cancers… À cela, il faut ajouter les dégâts non sanitaires, évalués à 3,4 milliards d’euros, incluant la dégradation du bâti (usure, nettoyages plus fréquents…) et la perte de rendement agricole. Les sénateurs, réunis au sein de cette commission d’enquête, espèrent alerter opinion et décideurs en pointant du doigt l’« aberration économique » de la pollution de l’air.

Ce sont ces enjeux qui seront évoqués à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains lors de la Cop 21, la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Une échéance cruciale, selon le Quai d’Orsay, puisqu’il s’agit d’aboutir pour la première fois à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et d’accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone. L’objectif: maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C et s’adapter aux dérèglements climatiques déjà existants. L’accord doit entrer en vigueur à partir de 2020. Pendant la Cop 21, la France devra œuvrer à rapprocher les points de vue au sein des Nations unies. Les contributions de chaque pays seront publiées en amont de la Conférence. Au total, 40 000 participants (délégués représentant chaque pays, observateurs, membres de la société civile…) sont attendus. C’est l’une des plus grandes conférences climatiques jamais organisées.

Nos gouvernants pourront compter sur une prise de conscience réelle des opinions publiques. Le développement durable2, qui a longtemps été l’apanage des mouvements écologiques, résonne désormais comme une nécessité pour les jeunes générations. Ces dernières veulent concilier richesse et écologie, travail et nature, profits et durabilité. Trier ses déchets, manger bio ou privilégier les circuits courts dans l’alimentation quotidienne ne sont plus réservés aux écolos et aux bobos. Les jeunes sont aujourd’hui les premiers à interpeller nos leaders politiques. Mais les entreprises qui ont fait un long chemin ces dix dernières années ne sont pas en reste. Longtemps accusées de se donner bonne conscience en pratiquant le green washing, elles intègrent de plus en plus le développement durable dans leurs plans stratégiques à dix ou vingt ans. Qu’elles s’appellent Danone ou Unilever, leurs dirigeants ont également acté qu’économiser les ressources, limiter les émissions de CO2 et se soucier du bien être des salariés permettait aussi de dépenser moins d’argent. Voire parfois d’en gagner.

MAINTENIR LE RÉCHAUFFEMENT EN DEÇÀ DE 2 °C

Certes, il existe encore des bons et des mauvais élèves. La Chine reste le premier pollueur mondial avec 25 % des rejets de gaz à effet de serre. Mais même elle a pris les choses en main et s’est donné des objectifs ambitieux en vue de la Cop 21 comme celui d’atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 et d’arriver à 20 % d’énergies non fossiles dans sa consommation énergétique primaire. Cela implique la construction de barrages, plus de nucléaire mais aussi d’énergie solaire et éolienne. Des initiatives vertueuses fleurissent d’ores et déjà dans le pays. Entre janvier et mars, la Chine a installé plus de panneaux solaires, notamment dans le désert de Tengger (nord-ouest), que n’en compte la France au total. Le pays pourrait devenir à la fin de l’année le premier producteur de photovoltaïque.

La balle est désormais dans le camp des politiques. À en croire les défenseurs de l’environnement, dès que la réglementation évolue réellement, l’utilisation de polluants diminue de façon significative. C’est l’un des enjeux pour l’avenir.

1. Remis en juillet par la commission d’enquête présidée par le sénateur Jean-François Husson.
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2. Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs »: Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien, présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (ONU), invente cette notion en 1987 dans un discours prononcé à Oslo. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio officialise la notion de développement durable et celle de ses trois piliers (économie/écologie/social): un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.
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  • Amichai Lau-Lavie
  • Arthur Waskow
  • Corinne Lepage
  • Elliot Dorff
  • François Garaï
  • Haïm Korsia
  • Jean-François Strouf
  • Michaël Azoulay
  • Michaël Bar-Zvi
  • Pauline Bebe
  • Philippe Haddad
  • Rivon Krygier

Un verset, douze lectures

ויקח יי אלהים, את-האדם; וינחהו בגן-עדן, לעבדה ולשמרה.
L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’éden pour qu’il le travaille et le soigne. Genèse 2:15
À l’automne 2015, Tenou’a a demandé à douze personnalités de nous donner leur lecture de ce verset.
Retrouvez ici les commentaires des rabbins Michaël Azoulay, Pauline Bebe, Elliot Dorff, François Garaï, Philippe Haddad, Haïm Korsia, Rivon Krygier, Amichai Lau-Lavie, et Arthur Waskow, ainsi que de Michaël Bar-Zvi, Corinne Lepage et Jean-François Strouf.

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