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Embellir le commandement

© Michèle Baczynsky, “La couturière”

CHAQUE CIVILISATION S’ATTACHE À DÉFINIR LA BEAUTÉ. Dans la pensée occidentale, la quête du Beau semble aussi fondamentale que celle du Bien ou du Vrai, et la culture contemporaine en est grandement influencée, puisque la poursuite de cet idéal est considérée comme une vertu. À première vue, tout porte à croire que le judaïsme n’y attache guère d’importance. La phrase tirée du Livre des Proverbes hevel hayofi – “la beauté est vanité” – citée régulièrement hors de son contexte, dénote une certaine méfiance, une critique implicite du superficiel. Or la Torah a, sur la question, une conception propre et originale qu’il convient d’explorer : si la beauté est vaine, quand elle est prise sur le vif, instantanée, la femme vaillante, eshet hayil, est glorifiée et jugée belle parce qu’elle œuvre corps et âme en faveur d’idéaux immortels.

Beauté et pérennité sont en hébreu interchangeables. Les mitsvot constitutives de la fête de Souccot qui achève le cycle des trois fêtes de pèlerinage inauguré par la fête de Pessah concilient deux notions apparemment divergentes : tandis que, d’un côté, nous reconnaissons la nature transitoire de l’existence humaine sur terre à travers l’édification des cabanes fragiles, nous proclamons aussi l’éternité de D-ieu et d’Israël en nous saisissant du cédrat (étrog).

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