Contenu réservé aux abonnés

Fake News : comploter n’est pas jouer

En 2015, Thomas Huchon a créé ConspiHunter, un documentaire complotiste réalisé pour le média en ligne Spicee, montrant que la CIA avait créé le virus du SIDA pour lutter contre le régime castriste.
Une fois son film sur Internet, il a observé les réactions de la « complosphère » pour mieux comprendre les mécanismes de la fabrique de l’information au temps des fake news.

© Yael Bartana, R.I.P. AK47 (I), 2019
Courtesy of Sommer Gallery and the artist
À retrouver sur Art Source

Entretien avec Thomas Huchon

Le projet ConspiHunter pourrait avoir des allures de blagues d’étudiants en école de journalisme. Pourtant, ce documentaire fouillé est à l’origine d’un vaste projet laissant peu de place au hasard, quel était votre but ?

Avec les équipes de Spicee, avec Gérald Bronner, avec Rudy Reichstadt, nous avons inventé un mensonge en nous disant que c’était peut-être le meilleur moyen de s’attaquer à tous ces contenus fallacieux, ces fausses informations, ces fake news qui pullulent sur Internet. Quand on s’attaque aux fausses informations de manière frontale et agressive, ça ne fonctionne ni auprès des complotistes ni auprès de leur public. Utiliser le rationnel contre de la croyance est inutile. Nous avons pensé que, pour lutter efficacement contre le phénomène, il fallait montrer comment notre cerveau fonctionne et se laisse piéger par les fake news.

Le film est devenu viral très rapidement. Une enseignante nous a proposé d’intervenir à l’aide de ce support auprès des élèves. Après cette première séance, c’est moi qui suis devenu le prof. Et ça dure depuis cinq ans, devant des jeunes de 12 à 20 ans, dans quatre-vingt-dix villes de France.

Abonnez-vous pour lire cet article

S’abonner en ligne