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Hillel et Shammaï, éternel désamour

Ces deux noms désignent le couple désuni le plus célèbre de l’histoire juive : Hillel et Shammaï créèrent les deux écoles de pensées dont les affrontements se menaient « au nom du Ciel ».

« Toute controverse qui est pour la cause du Ciel finit
par s’établir.
Et celle qui n’est pas pour la cause du Ciel ne finit pas
par s’établir.
Qu’est-ce qu’une controverse qui est pour la cause du
Ciel? C’est la controverse d’Hillel et Shammaï.
Et qu’est-ce qu’une controverse qui n’est pas pour la cause
du Ciel? C’est la controverse de Korah et toute sa ligue. »
(Traité des Principes, chapitre 5, Mishna 17)

Des termes vifs qui laissent pourtant perplexe. D’abord, le caractère catégoriel et binaire de la Mishna masque mal son imprécision : qu’est-ce que « l’établissement » d’une controverse ? Ensuite, au nom de quel principe le désintéressement des parties entraînerait comme par magie cet « établissement » ? Enfin, comble de la perplexité, en guise d’illustrations l’auteur qualifie de Mahloket deux crises dont la nature et l’intensité n’ont rien à voir : d’un côté, deux maîtres en désaccord ; de l’autre, le récit biblique de Korah, séditieux blasphématoire, par la terre englouti.

Avant tout, pour saisir la forme singulière de cette Mishna, contemplons ce chapitre cinquième, officiellement le dernier des Pirké Avot. Pythagoricien s’il en est, ses enseignements se déclinent au gré de nombres clés. Le dix, pour exprimer l’hyper-structure de la Création, puis le temps par le sept, puis l’espace par le quatre.

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