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Le rabbin et l’imam des banlieues

Créée en 2004, l’Amitié Judéo-Musulmane de France sillonne les quartiers sensibles où s’exprime ouvertement la haine des juifs, en Ile-de-France et en province, à la rencontre des enfants, des adolescents et de leurs parents, faisant le pari de l’éducation et de l’échange humain pour tordre le cou aux clichés antisémites. Le rabbin Michel Serfaty et l’imam Mohammed Azizi, le binôme sans peur qui anime l’A.J-M.F., le reconnaissent volontiers, ils ne sont pas toujours les bienvenus. Mais, en s’appuyant sur les réseaux qu’ils ont construits en dix tours de France et d’Ile-de-France ainsi que sur les relations de leurs animateurs salariés, à 90 % de jeunes musulmans et musulmanes, ils parviennent à nouer des liens et voient les choses avancer à petits pas

ENTRETIEN AVEC
LE RABBIN MICHEL SERFATY ET L’IMAM MOHAMMED AZIZI

RABBIN MICHEL SERFATY

Il y a dix ans, vous créez l’A.J-M.F. et depuis, vous allez de quartier en quartier avec l’Imam Azizi, à la rencontre d’une jeunesse rongée par l’antisémitisme. pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce combat ?

J’ai fondé l’A.J-M.F. pour répondre à un besoin exprimé par la communauté juive au plus haut niveau : nous devons construire un vivre ensemble avec les musulmans. Aujourd’hui, nous travaillons avec des dizaines d’imams amis et nous employons des jeunes musulmans, habitants de ces quartiers, qui signent avec l’A.J-M.F. un contrat de trois ans, reçoivent un salaire, bénéficient d’une formation sur le judaïsme, l’antisémitisme et sur la Shoah et s’investissent au quotidien pour améliorer le regard des jeunes musulmans sur les juifs, au cœur de la société au sein de laquelle ils vivent.

Comment et pourquoi choisissez-vous les quartiers dans lesquels vous intervenez ?

Souvent, ce sont les animateurs des structures associatives sur le terrain qui nous appellent : « Venez, nous avons besoin de vous, on en a assez de voir des enfants qui puent l’antisémitisme et la haine du juif ». Nous ne travaillons pas dans les beaux quartiers mais dans ce que l’État a identifié comme des Z.U.S.,

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