Les mots peuvent mourir…
Je le sais depuis que je suis tout petit.
Depuis la période des
« Et toi qu’est-ce que tu fais? »
« Et toi qui es-tu ? »
« Et ça c’est quoi ? »
Un jour je demandai à ma mère quel est le métier de l’oncle Elias.
« Mon frère? Il est écrivain et il enseigne la linguistique, le latin et le grec. »
Et elle baissa le ton et ajouta doucement, comme pour me dévoiler un secret : « Ce sont des langues mortes… »
Si les langues meurent, les mots suivent, sans doute, le même destin.
Et intrigué par cette mort des langues, je demandai à l’oncle Elias combien de langues vivantes il existait encore dans le monde.
Et l’oncle Elias, lui aussi baissa le ton…
« Moins de cinq mille langues vivantes », dit l’oncle Elias.
Il répéta pensif : « Il existe aujourd’hui environ moins de cinq mille langues vivantes ! Et dans cent ans, ajouta-t-il, si rien ne change, la moitié de ces langues aura aussi disparu. »
L’oncle Elias me regarde bien dans les yeux et ajouta :
« Ne sois pas si triste! Je connais au moins une langue qui a ressuscité… 2 »
Un jour, beaucoup plus tard, je demandai à l’oncle Elias pourquoi il enseignait ?
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