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Du fado au yiddish,et vice-versa

Nouvel album de Noëmi Waysfeld & Blik : “Alfama”

“OUI JE SUIS TELLE SI JE M’ÉLOIGNE DU FADO JE M’ÉLOIGNE DE MOI-MÊME…”

Alfama, second album de Noëmi Waysfeld & Blik qui vient de paraître chez AWZ Records, est centré sur la célébration du fado, cet « hymne national » portugais, de sa mélancolie, de ses mélodies déchirantes. Mais le moins que l’on puisse dire est que cet hommage se démarque d’emblée par un parti pris d’une forte originalité : s’il s’agit bien pour Noëmi de chanter le fado, la toute jeune trentenaire a fait le choix de le faire dans sa « langue émotionnelle », le yiddish. Soit un double décentrement pour la chanteuse française et son trio de musiciens aux assises solides (guitare, contrebasse, accordéon) : de la France vers le Portugal, du Portugal vers ce monde d’Europe orientale qui avait déjà empli de sons le premier opus de Noëmi Waysfeld, Kalyma (paru en 2012 chez AWZ). Le format discographique est d’ailleurs identique à celui expérimenté pour Kalyma en ce qu’il accorde une place centrale aux textes et à leurs multiples traductions en anglais, yiddish, français… Seul le russe d’alors a cédé ici la place au portugais. Ce jeu d’entre les langues produit d’ailleurs un subtil brouillage de leurs signifiants respectifs : le yiddish, arraché au territoire fantasmatique de l’Orient de l’Europe, se voit introniser lingua franca de la chanson populaire, comme longtemps (et pour encore un certain temps certainement), ce fut le cas pour l’anglais.

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