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Édito : Espèce de sioniste

L’édito du rabbin Delphine Horvilleur

Comment en sommes-nous arrivés là ? À ce qu’un mot se charge de tant de haine et devienne pour certains l’insulte suprême, le nom de code de tous les maux ou de tous les complots, l’habit lexical d’un antisémitisme ré/dé-généré, le coupable idéal qui fédère des gens pas toujours bien intentionnés… Il arrive que des mots voyagent et changent de sens mais celui-là est devenu un intraduisible, un terme sur lequel plus personne ne tombe d’accord, pas même ceux qui s’en revendiquent.

Alors oui, comme beaucoup d’entre vous, je suis une « espèce » de sioniste, une espèce parmi beaucoup d’autres mais pas une espèce en voie de disparition. Je le suis toujours face au discours nauséabond de ceux qui font de la lutte contre Israël la colonne vertébrale de leur identité. Je ne le suis pas toujours aux yeux d’autres qui font dire à ce mot ce qu’il ne m’a jamais dit. Et je sais qu’il existe bien d’autres « espèces de sionistes »: ceux qui pensent qu’Israël a besoin de leur soutien inconditionnel et ceux qui pensent que le propre de l’amour est de faire grandir l’autre par nos attentes, nos exigences et parfois nos critiques. Il y a ceux qui pensent qu’Israël est une réponse et ceux qui considèrent qu’il ne fait que formuler une nouvelle question juive.

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