Je suis un sioniste post-sioniste.
Post-sioniste, il y a plusieurs manières de l’être. Certaines per- sonnes, persuadées que la création même de l’État d’Israël fut une erreur, mais une erreur sur laquelle il n’est plus possible de revenir aujourd’hui, appellent à le dépasser. Shlomo Sand, qui croit avoir démontré qu’il n’existait pas de peuple juif – ni de Terre d’Israël – pense de la sorte : son post-sionisme n’est que l’aboutissement, au mieux, de présupposés antisionistes.
On peut au contraire tenir que la création de l’État d’Israël était nécessaire ; que le sionisme a, comme mouvement politique, culturel, spirituel, rempli un rôle essentiel dans l’histoire du peuple juif ; on peut penser cela et même défendre le droit des Israéliens à se protéger face à ceux qui veulent les détruire – et, tout de même, considérer qu’il n’est plus possible d’être sioniste en 2018 comme on l’était en 1948. En ce sens, le post-sionisme est à vrai dire la réalité d’une grande partie de la société israélienne contemporaine.
Logiquement parlant, cela suppose plusieurs choses. Notamment : que tout est dialectique, que toute réalité possède en soi sa contradiction et ce qui la transcende en même temps qu’elle. À certains égards, Israël a échoué, et pourtant aucun échec constatable à l’heure où j’écris, aussi prévisible fût-il alors, n’eût justifié que le peuple juif renonçât à son rêve d’autodétermination.
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