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Cantiques des cantiques

S’il est un texte, un seul, que tout le monde citera comme illustration de l’érotisme biblique, c’est Shir haShirim, le Cantique des Cantiques. Cette suite poétique amoureuse, conversation entre amants, occupe une place centrale dans la liturgie juive et est même lue chaque semaine dans la plu- part des communautés séfarades. Pour autant, ce texte n’est pas nécessairement bien connu et moins encore convenablement traduit. S’appuyant sur une traduction à laquelle il travaille actuellement, David Isaac Haziza propose une lecture approfondie et attentive du poème érotique le plus connu au monde.

Certains textes, trop lus ou jugés ennuyeux avant même d’être lus, sont victimes de leur importance. C’est le cas de pas mal de textes « sacrés » et les religieux eux-mêmes n’aident d’ailleurs pas forcément à ce que l’on considère autrement leur héritage. Prenez le Cantique des Cantiques. Son titre d’abord. Un cantique, c’est un chant d’église, alors que l’hébreu dit simplement : shir hashirim, « le chant des chants ». Et puis, au-delà de ce titre, on dirait que toute l’histoire de son exégèse est celle d’une guerre menée par les orthodoxies de tout poil contre son sens littéral, ses mots et ses respirations, sa chair.
La dernière bataille en date fut livrée par la maison d’édition américaine Artscroll. On connaît son travail très utile pour les apprentis talmudistes mais il faut croire que la Bible est une autre affaire, car plutôt que de faire le même travail pour ce pauvre Cantique des Cantiques, nos aimables bigots nous en ont livré une « traduction allégorique » où les seins de l’aimée, pour ne citer qu’une grotesquerie parmi d’autres, deviennent les Tables de la Loi.
La lettre de Shir haShirim effraie les religieux : il faut donc, plus que jamais, en ces temps où le fondamentalisme fait rage, y revenir.

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