HAG HANOUKKA SAMEAH

Cette année les lumières de Hanoukka et les illuminations de Noël vont briller ensemble dans nos villes. Entre la fête de la Nativité et celle de la circoncision de Jésus, les Chrétiens verront jour après jour être allumées les lumières des hanoukkiot.

Alors que les ténèbres semblent vouloir recouvrir l’homme de leur obscurité et faire naître en lui peurs et angoisses, vous célébrez le miracle de la fiole d’huile retrouvée et de l’huile qui ne tarit pas. Cette huile retrouvée a permis à la lumière de briller mais la responsabilité de l’homme est également engagée pour l’entretenir. Ce miracle de la lumière vient après un long combat, une résistance tenace contre l’assimilation et la destruction de la spécificité de l’existence juive.
Miracle d’une victoire, face à une violence qui veut imposer un culte, interdire les pratiques d’une communauté. Refus de l’altérité et tentation du totalitarisme auxquels s’oppose le courage de la foi qui se révolte, de la défense des convictions qui donne la force de mener le combat. S’il y a eu ce miracle de la lumière, il y a en conséquence le devoir de la protéger et de la défendre. Aujourd’hui, comme toujours, chacun de nous est face à sa responsabilité et à sa liberté. Le miracle ne pallie pas notre faiblesse, mais l’intervention de Dieu dans l’Histoire nous met face à ce choix que nous devons faire en conscience.

Hanoukka, c’est la fête de la liberté et de la souveraineté retrouvées. Mais rien n’est jamais définitivement joué et la suite de l’histoire des Hasmonéens, qui sombreront dans la confusion, nous le montre. En vous souhaitant Hag Hanoukka sameah je formule donc le vœu que, partout, le peuple juif puisse allumer les lumières de la hanoukkia dans la joie, la liberté et la sécurité.

Le thème de la lumière est au cœur du mystère que célèbrent les Chrétiens, puisque, dans la nuit de Noël à Bethléem, ils reconnaissent en Jésus, fragile enfant déposé dans une mangeoire, la lumière prophétisée par Isaïe : “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur les habitants du pays de la mort, une lumière a resplendi.” (Is 9:1).
Si, de quelque façon, la nuit de Bethléem est le signe des ténèbres dans lesquelles se débat l’humanité jusqu’à la fin des temps, si cette nuit symbolise toutes les misères de l’humanité et les expériences du pays de la mort, c’est aussi sur elle que se lève la lumière du soleil de justice : “Un enfant nous est né, un fils nous est donné… Son nom : Conseiller-Merveilleux… Prince-de-la-Paix… Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.” (Is 9:5)

Puisse la concomitance des fêtes de Hanoukka et de Noël nous rapprocher, dans une vraie fraternité qui est toujours à construire. Qu’elle nous permette d’être ensemble, Juifs et Chrétiens, de vivants témoins de cette lumière offerte à toutes les nations.