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JUDÉO-CHRÉTIENS ?

J’ai du mal avec l’expression “judéo-chrétien”. Elle entretient, chez beaucoup de Catholiques, une vision poussiéreuse et monolithique du judaïsme, réduit à un simple préfixe, à la version 1.0 d’une religion que le Christ serait venu mettre à jour. Le judaïsme ? Ce serait l’Ancien Testament, le début d’une belle histoire à laquelle il manquait une fin : les Évangiles. Français, Européens voire Occidentaux seraient héritiers – et peu importe qu’ils s’en réclament ou non – d’une “tradition”, de “racines”, d’une “morale” ou de “valeurs judéo-chrétiennes”. Ce fourre-tout conceptuel, né au XIXe siècle, peut être utilisé – au choix – pour réfléchir aux sources juives du christianisme (antique ou contemporain), dénoncer une morale de la culpabilité, s’opposer au “laïcisme” qui délaisserait Dieu au profit de la science et de l’individu, ou encore cautionner le rejet des immigrés et de l’Islam.
J’ai pourtant découvert un autre usage, plus intrigant, de cette référence “judéo-chrétienne” dans une lettre des évêques français publiée le 13 octobre dernier. Elle s’intitule : Dans un monde qui change retrouver le sens du politique (Éditions Bayard, 96 pages, 4 €).

“Si dans la tradition judéo-chrétienne, écrivent les représentants de l’Église catholique en France, Dieu appelle tout homme par son nom, ce n’est jamais en tant qu’individu isolé, mais c’est toujours comme membre d’un peuple et pour l’ensemble de ce peuple auquel il est renvoyé.

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