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La souffrance de l’autre

© Zamir Shatz, Bereavement, 2023, oil on cotton, 60×40 cm
Courtesy of the artist and Rosenfeld Gallery, Tel Aviv

Comment permettre à deux souffrances de coexister ? Comment supporter de voir le visage de l’autre qui souffre, quand cet autre appartient au camp ennemi ? L’autre qui souffre, c’est le grain de sable dans le discours d’un monde juste, c’est la preuve que le bien et le mal sont difficiles à séparer et, partant, que l’on n’est pas si sûr qu’il existe un camp du bien absolu auquel on appartiendrait. Arracher une affiche figurant un otage ou traiter le peuple ennemi d’animal, ce sont peut-être des moyens d’éviter d’avoir à penser ensemble le bien et le mal, de l’autre et donc de soi.

Le déni est un mécanisme qui permet de rejeter une représentation traumatique pour se protéger de l’angoisse paralysante qu’elle pourrait faire naître. Freud l’introduit à propos de l’exemple du petit garçon confronté pour la première fois à la vision de l’absence de pénis de sa mère, qui ne parvient pas à faire tenir ensemble cette perception avec sa représentation antérieure et fantasmée de sa mère comme toute-puissante.

Une possibilité serait que le petit garçon intègre à cette occasion la question de la castration, c’est-à-dire de la limite, et prenne conscience que sa mère, comme tout le monde et comme lui-même, est limitée, mais que cette limite n’est pas totale et ouvre au contraire l’accès aux possibles.

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