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Le bel enfant rebelle de la HAGGADA

Les 4 enfants de la Haggada de Gérard Garouste
avec Rivon Krygier, In Press, 2019

Mais que fait-il là ? Au soir du Séder de Pessah, alors que nous sommes réunis en famille et entre amis pour célébrer le banquet mémoriel, et que l’on vient tout juste d’entamer la partie narrative de la veillée, on tombe nez à nez avec ce vil personnage qui a tout de l’intrus. Vous l’avez reconnu, je parle de l’enfant rasha, le « méchant ». La Haggada – ce livret concocté par les rabbins de l’Antiquité, qui définit les rites et les récits forgeant la mémoire collective de la sortie d’Égypte – le dépeint comme l’un des quatre types d’enfant présents autour de la table. Tous semblables et si différents. Que va-t-on leur raconter ce soir d’entre tous les soirs ou, plutôt, comment leur retracer cette histoire improbable pour qu’en chacun d’eux, néanmoins, elle fasse sens ? C’est la question pédagogique par excellence. Quelle illusion pour le parent de se figurer que pour transmettre les valeurs et la mémoire ancestrale, ne point faillir à son devoir, il suffit de se tenir au plus près de la partition.

Par-delà le propos, il faut encore l’à-propos, l’adéquation entre le locuteur et l’auditeur, l’angle sous lequel l’archer peut espérer faire mouche !

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