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L’identité incertaine des enfants de couples mixtes

Catherine Grandsard est chercheuse en psychologie clinique et exerce au Centre Georges Devereux à Paris. Elle est l’auteure d’une enquête très complète sur le mariage mixte : Juifs d’un côté: Portraits de descendants de mariages mixtes entre juifs et chrétiens (Seuil, 2005).

J’ai été invitée récemment à la Bar Mitsva de Raphaël, un garçon dont le père est pakistanais musulman et la mère juive française issue d’une famille sépharade originaire de Tunisie. Même s’ils ne s’adressent pas la parole, le père pakistanais du jeune et son grand- père juif tunisien étaient tous deux présents, ainsi que d’autres membres de sa famille maternelle. L’adolescent était à la fois inquiet et fier. Son père m’a expliqué par la suite qu’il était content de voir son fils se rapprocher de Dieu : « S’il n’avait pas choisi d’être juif, par les temps qui courent, je l’aurais encouragé à aller à l’église catholique : l’important pour moi c’est qu’il soit proche de Dieu ! » Lui-même a été catégoriquement rejeté par sa belle-famille juive, fortement opposée depuis le début à cette relation entre la mère de Raphaël et un musulman. Mais cela ne l’empêche pas de soutenir son fils dans sa démarche. Raphaël reste d’ailleurs très proche de son père, avec qui il passe le plus de temps possible. Du haut de ses treize ans, c’est lui qui a encouragé ce dernier à maintenir des liens réguliers avec sa propre famille au Pakistan avec qui l’ado communique lui-même depuis peu par webcam.

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