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Prendre le temps et laisser l’enfant jouer

Serge Hefez est psychiatre et psychanalyste. Il est notamment responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

Pour Tenou’a, il explique ce qui se pratique et se joue dans la prise en charge de la « dysphorie de genre » chez l’enfant et l’adolescent, et formule une certaine amertume quant à un débat dont les enjeux dépassent de loin l’intérêt de l’enfant en souffrance qui, lui, a avant tout besoin d’écoute et de temps.

Entretien

© Efrat Hakimi, Hole, 2017, paper collage, 30×23 cm
Courtesy of Rosenfeld Gallery, Tel Aviv

Je voudrais partir du film documentaire Petite fille de Sébastien Lifshitz qui date de 2020. Il raconte l’histoire de Sasha, un petit garçon qui voulait devenir une fille. Le film a provoqué des réactions notamment d’un collectif de médecins et d’intellectuels, l’Observatoire de la Petite sirène, qui dénonce des discours idéologisés à l’égard des enfants. On y découvre un phénomène qu’on appelle la dysphorie de genre. Est-ce un concept nouveau et pouvez-vous nous expliquer ce que cela veut dire ?

La « dysphorie de genre » désigne tout simplement une souffrance ou un malaise lié à son propre genre, donc le fait de se sentir mal dans sa peau de garçon ou de fille, d’homme ou de femmes. Ce n’est pas un concept nouveau, cela a toujours existé à toutes les époques et dans toutes les cultures. Certaines cultures traditionnelles ont englobé ces personnes avec plus ou moins d’accueil et d’acceptation – je pense par exemple aux cultures tahitienne ou indienne dans lesquelles ces incongruités de genre ont trouvé une place, parfois même une place sacrée.

Dans nos contrées, l’incongruence de genre a été rangée du côté des maladies mentales sous la dénomination de transsexualisme.

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