Contenu réservé aux abonnés

THÉORIES DU COMPLOT : UN MOYEN DE FUIR UN RÉEL INSUPPORTABLE

L’auteur de L’Opium des imbéciles revient sur la flambée complotiste et négationniste à l’œuvre après les attaques du 7 octobre. Dans quelle mesure ces théories attaquent-elles notre humanité commune et notre raison, qui fondent notre démocratie ? Éléments de réponses.

© Boaz Noy, War On Home, 2023, oil on linen, 50×45 cm
Courtesy of the artist and Rosenfeld Gallery, Tel Aviv

Lucie Spindler Après les attaques du Hamas le 7 octobre dernier, des théories complotistes ont très rapidement émergé sur les réseaux sociaux. Certaines expliquaient qu’Israël était à l’origine de ces attaques. Comment expliquez-vous que cette mécanique se mette si rapidement en place après un événement aussi traumatique ?

Rudy Reichstadt Ce n’est pas étonnant. J’y fais allusion dans L’Opium des imbéciles (Grasset, 2019) : au petit matin de l’événement, lorsque les faits ne sont pas encore complètement sortis de la brume, les « révisionnistes en temps réel » que sont les complotistes ont tout intérêt à exploiter le flou ambiant pour asséner leurs certitudes. Il s’agit d’« imprimer » les consciences avant que ne faiblisse l’intérêt pour l’événement et surtout avant que les organes de presse sérieux ne figent pour la postérité une narration respectueuse de la réalité des faits. D’où l’impression qu’ils donnent souvent d’être engagés dans une sorte de course contre la montre. On les voit plaquer sur l’événement en train de se produire un récit confortant leur vision du monde et leurs obsessions, un peu de manière pavlovienne.

Abonnez-vous pour lire cet article

S’abonner en ligne