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UN KADDISH POUR LE CARDINAL

“Je suis né juif. J’ai reçu le nom de mon grand-père paternel, Aron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres. J’ai pour saints patrons Aron le Grand Prêtre, saint Jean l’Apôtre, sainte Marie pleine de grâce. Nommé 139e archevêque de Paris par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, j’ai été intronisé dans cette cathédrale le 27 février 1981, puis j’y ai exercé tout mon ministère. Passants, priez pour moi.”

† Aron Jean-Marie cardinal Lustiger, Archevêque de Paris [plaque posée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris]

Cette plaque a été apposée à la demande de Jean-Marie sur une colonne près de l’autel-maître de la cathédrale Notre-Dame de Paris, au-dessus de la crypte dans laquelle il repose. Elle est pour moi un témoin de la double filiation et double fidélité, juive et chrétienne, de Jean-Marie tout comme l’a été la cérémonie de ses obsèques. Le cardinal Lustiger, premier évêque juif depuis l’époque des pères apostoliques, a souhaité que mon grand-père, son cousin nommé comme lui Aron (Arno) Lustiger, et moi célébrions une cérémonie juive sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame avant la messe de funérailles et son inhumation. Mon grand-père a ainsi récité le Kaddish devant les fidèles présents, des représentants de la communauté juive, de l’Église catholique et de la France et, pour ma part, à la demande de Jean-Marie, j’ai déposé de la terre d’Israël sur son cercueil et lu en hébreu le psaume 113, psaume de louanges qui ouvre le Hallel, dit notamment à Pessah. Ultime marque de son ancrage dans son histoire et sa tradition familiales, Jean-Marie a fait de cette cérémonie publique juive sur le parvis de Notre-Dame, imposée à ce titre aussi bien à l’Église catholique et aux institutions de la République qu’au monde juif, la démonstration que sa double fidélité n’était en rien un effacement ou une négation du judaïsme.

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