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Annette Wieviorka: “Tombeaux. Autobiographie de ma famille”

Annette Wievorka, Tombeaux. Autobiographie de ma famille,
Paris, Seuil , coll. « Fiction & Cie », 2022, 21€

D’Annette Wievorka, on a toujours admiré la détermination qui est celle de tout
historien en quête de vérité, la finesse d’analyse et le génie de l’écoute qui ont permis
l’écriture d’ouvrages majeurs tels que L’Ère du témoin (2002) et Déportation et génocide.
Entre la mémoire et l’oubli (2003), ou encore la capacité à faire naître le récit collectif et
l’histoire politique du récit individuel. Tous ses ouvrages font preuve d’un souci éthique
supérieur, inatteignable sans le déploiement d’une réflexion approfondie, permanente et
renouvelée sur le rôle de la discipline « Histoire » et de son pouvoir/devoir d’édification d’un
présent et d’un avenir souhaitables. Dans Auschwitz expliqué à ma fille (1999), l’historienne
fait preuve d’une justesse de ton inégalée dans l’enseignement de la Shoah. Elle y relève le
défi de décrire avec précision l’indicible et de s’adresser dans un même élan à toutes les
générations, de manière directe, sans jamais être indélicate ni brutale.
Rencontrer Annette Wievorka, c’est rencontrer une grande-petite-fille, souvent grave –
comme tous les rêveurs – et parfois étonnement allègre et sémillante, comme tous ceux
conservant vivace leur âme d’enfant. La vie des siens et ses recherches insufflent une
profondeur inouïe à une phrase qui peut sembler anodine : « Si vous sortez à droite, vous
prenez la première à gauche, il y a la rue Pétrelle, et on voit les fenêtres de mon grand-père ».

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