
Le conseil lecture
de Noémie Issan-Benchimol
Reprenant et approfondissant son précédent livre, La Disgrâce du Signe, René Lévy, philosophe et talmudiste français, revient, avec La mort à vif, sur la figure et la pensée de Paul de Tarse, comme s’il fallait d’abord l’épuiser pour pouvoir ensuite s’en déprendre. Comme si avec Paul, c’était un problème contemporain, c’est- à-dire inactuel, qu’il s’agissait de poser, et précisément de ne pas résoudre.
C’est là un des points fondamentaux de la thèse que défend René Lévy : que Paul a posé les bonnes questions, celles qui font mal, celles qui mettent en crise, mais que son erreur a été de sortir de la crise, de la résoudre, là où il fallait que la crise devienne un milieu, là où il fallait se tenir dans la crise comme on dit au yoga qu’il faut se tenir dans sa douleur.
Ce qui frappe d’abord dans cette enquête philosophique et phénoménologique, c’est le talent de traducteur de René Lévy que notera toute personne qui a accès aux langues originales. Ses traductions du Midrash, de la Mishna ou du Talmud, sont à chaque fois des trouvailles qui évitent les lourdeurs du mot à mot grâce à un don pour le néologisme qui claque.