Contenu réservé aux abonnés

“Nos conversations célestes”, de Jean-Christophe Attias

Nos conversations célestes, Jean-Christophe Attias, Alma, 2020, 18 €

LE CONSEIL LECTURE
DE NOÉMIE ISSAN-BENCHIMOL

Que se passe-t-il lorsqu’un professeur des Universités, titulaire d’une chaire de pensée juive médiévale à l’EPHE, écrit un premier roman? Un livre-monde, un livre fait d’autres livres et qui vaut tous les autres. Un livre qui commence comme une évocation du petit milieu universitaire d’un Institut quelconque, un peu comme dans Un Tout Petit Monde de David Lodge, avec la même jubilation à décrire ses travers, ses manies, ses drôleries et ses constipations, et dont l’intrigue est celle d’un roman policier: un collègue, Ben Halfman (un mi-homme, une moitié d’homme) a disparu, et le recteur charge Jacques et sa secrétaire Mauricette de le retrouver. L’enquête les mène dans les bureaux parisiens d’un rabbin tunisien qui a hérité des affaires de drogue de son père en Colombie, dans des villes de France, dans un Israël ultra-technologique où on fait des vérifications de circoncisions à l’aéroport et où l’Auteur est peut-être un agent du Shabak. On y entre comme dans une enquête de Simenon, d’autant que le disparu est, c’est le cas de le dire, un personnage! Chercheur loufoque et brillant, magnifique et vivant, Ben Halfman a passé son audition en transformant une canne en serpent (on se demande comme qui) et en racontant ses histoires, la tradition vivante face à la science qui parfois archive et enterre, sclérose au lieu de vivifier.

Abonnez-vous pour lire cet article

S’abonner en ligne