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Dans la salle d’attente

Les crêtes de mes vagues à l’âme sont d’encre, bleue, comme les traces que je porte au cœur et sous les yeux. Mon errance s’est alanguie sous le manque de sommeil. L’insomnie est une lame de fond qui charrie, de long au large, mes doutes, sans cesse recommencés. Ces écumes stériles ont achevé de me porter sur une grève isolée, précisément à l’étage sans vie d’un immeuble anonyme. À peine arrivée dans le cabinet reclus, mes pensées sont déjà attelées à la construction d’une excuse, que j’espère bientôt crédible, sésame de ma fuite, témoin de mon angoisse. Oui, car à défaut de celle d’Hamlet, ma dichotomie à moi c’est plutôt « Tu veux ou tu veux pas ? ». 

À la dérive de mon incertitude ontologique, je laisse mon regard jauger le désert qui s’offre devant lui. Elle aurait pu être une chambre d’enfant, ou un espace de goût, singulier, ostentatoire de vanité. Il n’est rien de cela, cette pièce ressemble davantage à un lieu de culte monolithique. Peut-être se matérialise-t-il là, l’orgueil du propriétaire ? Dans l’ordonnancement rigoureux de l’épuré, ni accueillant ni vraiment froid, où chaque objet épars semble avoir une place millénaire. Suis-je bien, moi aussi, à ma place ? 

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