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D’autres terres promises

En Argentine ou en Ouganda, aux confins de la Russie et de la Chine ou au Canada, nous vous emmenons vivre ce world tour des terres rêvées un jour par les Juifs pour y trouver, enfin, un peu de repos.

Aleksey Arkadiyevitch Polonskiy à l’aciérie, Birobidjan, Région autonome juive, URSS, 1989.
© Frédéric Brenner, avec la permission de la Howard Greenberg Gallery, New York

L’aspiration à établir un foyer juif a emprunté quelques détours inattendus avant la concrétisation du rêve sioniste sur la terre d’Israël.

À la fin du XIXe siècle, l’éveil des mouvements nationaux et les persécutions antisémites, notamment à l’est de l’Europe, ont encouragé des élans migratoires de Juifs vers des contrées lointaines, de la pampa argentine à l’Afrique de l’Est, de l’Amérique du Nord à la Sibérie soviétique.

Les visionnaires (et les philanthropes qui les soutiennent) sont soit territorialistes, soit sionistes : les premiers s’engagent pour trouver un refuge pour les Juifs persécutés, peu importe la situation géographique, tandis que les seconds concentrent leurs efforts sur Jérusalem et la terre d’Israël biblique. Ces deux visions s’affrontent régulièrement pendant les congrès sionistes.

Ainsi, le baron Maurice de Hirsch, un banquier bavarois établi à Bruxelles, organise l’émigration de Juifs persécutés en Europe de l’Est en finançant des colonies agricoles dans la pampa argentine. À l’époque, l’Argentine est une terre ouverte à l’immigration sans condition. Son climat paraît supportable aux Européens et la qualité du sol est remarquée. En 1889, 136 familles juives arrivent de Podolie et s’établissent à Moisésville, qui est loin d’être l’Eldorado : près des deux tiers des immigrants meurent de faim et d’épuisement, novices qu’ils sont dans le dur labeur agricole.

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