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« De ma fenêtre…»

Une société tient par la confiance dans les institutions et l’assentiment aux règles collectives.

“Pangloss disait quelquefois à Candide: Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles; car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.” 

Les grandes œuvres nous ravissent, et pourtant elles nous instruisent si peu, ou trop tard. Candide est à lire et relire par temps de confinement, car tout y est, des vrais malheurs aux faux prophètes, des cruelles leçons de l’expérience, des petites pensées et des petites personnes, des vrais bonheurs et des quelques sages aux trop rares vertus. 

Comme dans le conte de Voltaire, chacun voit l’avenir à sa porte comme il regarde le monde de sa fenêtre: tout en noir, comme les « collapsologues », droits héritiers de Martin, ou alors repeint en rose, en rouge ou en vert par ceux qui croient aux vertus rédemptrices de la crise, et imaginent que le mal n’est qu’un moment du bien, à l’instar de Pangloss.

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