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Un besoin éperdu de se taire

La profusion de paroles et de pensées empressées qui ont entouré cette crise, en a fait un moment catastrophique pour la philosophie.

© Kobi Assaf, Untitled, Mixed media, 15,8 x 12 cm – Courtesy Zemack Contemporary Art, Tel Aviv

[N.D.L.R.] En préparant ce numéro de Tenou’a, confiné en Amérique où je vis, j’ai eu envie ou besoin, je ne sais plus trop, de demander à un philosophe français que j’admire de me livrer son ressenti. Quelques semaines plus tard, Paul Audi, philosophe (notamment) de l’éthique et de l’esthétique, me répondit qu’il avait bien essayé mais que non, décidément, il ne pouvait pas. Alors nous convînmes que c’était ceci qu’il tenterait de nous écrire, cette impossibilité, ce pourquoi pas. Nous publions ici sa lettre, comme nous l’avons reçue, comme nous avons aimé la lire.

Antoine Strobel-Dahan, rédacteur en chef de Tenou’a

Paris, le 29 mai 2020

Cher Antoine, 

Les temps, dit-on, sont à la méditation des événements inédits et de grande envergure, aux enseignements que l’on peut en tirer aussi. Mais je vous avoue que dans ce que j’ai pu lire ici ou là, rien, jusqu’à présent, ne m’a vraiment frappé, ni même touché, rien ne m’a passionné au point de me prendre de court, ou de m’arrêter assez long devant lui, en ouvrant un horizon de sens insoupçonné, à même de me stimuler suffisamment pour que je puisse me permettre de me prononcer à mon tour.

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