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Édito : Lucidité

L’édito du rabbin Delphine Horvilleur

À quelques jours d’une nouvelle année civile, nombreux sont ceux pour qui l’heure est moins aux bilans qu’aux pronostics. Fleurissent ainsi dans les journaux et sous la plume d’analystes variés, des prévisions pour l’année à venir. Que nous réserve 2011 ? Des modèles prévisionnels des sciences économiques et politiques, jusqu’aux anticipations des horoscopes… tous tentent de répondre à la demande humaine de prévoir et de prédire. Le préfixe de ces verbes suggère qu’il est ainsi possible de rompre la temporalité habituelle des événements, d’anticiper le futur et d’annoncer l’avenir. 

Ce pouvoir est celui que l’on prête au prophète, dans l’acception courante de ce terme. Il n’est pourtant pas ce qui définit la prophétie dans la tradition juive. L’essence du Prophétisme que décrit André Néher « n’est que très accessoirement anticipatrice. Sa voyance n’est pas nécessairement liée à l’avenir ; elle a sa valeur propre, instantanée. Son dire n’est pas un prédire ; il est immédiatement donné dans l’instant de la parole. Vision et parole sont, dans cette prophétie, en quête de découverte. Mais ce qu’elles dévoilent, ce n’est pas l’avenir, c’est l’absolu. » 
Pour le prophète hébreu, il ne s’agit donc pas de connaître le lendemain mais d’énoncer une vérité d’aujourd’hui.

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