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Édito : Troisième génération

L’édito du numéro hors-série Yom HaShoah 2013.

« Après le feu, surgit la voix d’un fin silence ». (I Rois 19 :12)

Mes grands-parents, murés dans le silence de la catastrophe, n’ont jamais parlé. Ils n’ont jamais rien dit de leur monde détruit, des visages d’hier engloutis dans la catastrophe, du temps qui avait précédé la dévastation. Après le feu, ils se sont tus. Pourtant, du plus loin que je m’en souvienne, au cœur des conversations qu’eux et moi n’avions pas, leur silence parlait si fort qu’on n’entendait que lui. Il résonnait, pour l’enfant que j’étais, tel un écho retentissant, telle la voix puissante d’un fin silence.

Ce murmure subtil, bien d’autres enfants de ma génération l’ont entendu. Depuis quelques années, notre génération, qu’on appelle parfois « la troisième », écrit et raconte, traduit et explore l’histoire de ses grands-parents, qu’ils aient raconté quelque chose ou rien, qu’ils soient revenus ou non. Livres d’entretiens, de récits et d’enquêtes composent une historiographie d’un nouveau genre, celle de petits-enfants qui apportent une autre forme de témoignage sur l’héritage de ceux avec qui ils ne furent ni tout à fait étrangers, ni tout à fait familiers.

À travers ces ouvrages, il s’agit aussi de comprendre et d’honorer la vie de ces hommes et ces femmes par-delà la tragédie dont ils furent victimes.

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