CELUI QUI DIT UN JOUR QU’ON NE CHOISISSAIT PAS SA FAMILLE oublia de préciser qu’en vérité il n’est à peu près rien d’important dans la vie que l’on choisisse vraiment. D’ailleurs, on ne choisit pas non plus ses amis: on en eût eu d’autres si l’on eût vécu ailleurs. Inutile de dire qu’on « désigne », qu’on « élit » encore moins son amour – si tant est bien sûr que l’on sache ce qu’aimer veut dire. À cet égard, le mot fameux de Montaigne, « Par ce que c’estoit luy ; par ce que c’estoit moy », résume tout, et me semble enfoncer à merveille l’idéologie contemporaine, celle du choix.
Le judaïsme ne donne pas à choisir et, à vrai dire, le converti n’est pas davantage un « Juif de choix » que le serait le Juif de naissance. La beauté de la guerout (conversion) résidant justement dans cette sensation, souvent décrite par les personnes concernées, que leur condition, pour être décorrélée de tout statut biologique, n’en est pas moins le fruit d’un certain destin, d’une certaine évidence, quelque chose qui leur serait arrivé sans que ni eux ni les rabbins y puissent quoi que ce soit.
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